
Focus réglementaire : suivi par cahier technique professionnel (CTP)
Par Smail Mayouf
Le 11/07/2023
Par Smail Mayouf
Le 11/07/2023
Certains équipements sous pression (ESP) sont fabriqués ou utilisés selon des dispositions particulières et les contrôles lors du suivi en service de ces équipements peut s'avérer plus complexe à la réalisation voir impossible.
Un cahier technique professionnel (CTP), rédigé par plusieurs experts dans le domaine (agissant en groupes de travail) et ensuite approuvé par le BSERR (bureau de la sécurité des équipements à risques et des réseaux), précise les dispositions spécifiques et dérogatoires applicables aux différents types d'équipements présents sur le marché.
Au vu de la complexité des équipements présents dans les industries, il existe beaucoup de cahier technique professionnel permettant de prendre en compte une grande partie des installations.
Les principaux CTP mettant en avant les spécificités de fabrication ou d'utilisation des ESP sont les suivants :
Tous les CTP cités sont disponibles et téléchargeables sur le site de l'AFIAP (Association Française des Industries en Appareils à Pression)
Chaque CTP prévoit des obligations et des dérogations spécifiques en fonction de l'utilisation de l'équipement, de sa complexité à contrôler ou encore des contraintes matériaux, voici quelques exemples :
CTP 11/2019 : dispositions spécifiques applicables aux équipements sous pression à paroi vitrifiée
Un équipement sous pression à paroi vitrifiée est construit avec un revêtement d’émail vitrifié pour contenir des liquides, des gaz ou de la vapeur sous pression. Il peut exister sous forme de cuve de réacteur, de capacité de stockage ou de filtration, de calandre et faisceaux d’échangeur etc.
La vitrification des couches successives d’émail (émail d’accrochage et émail de couverture) s’opère en plusieurs applications suivies de cuissons à haute température. C’est un processus particulièrement long et coûteux, qui fait subir à l’équipement un traitement thermique nécessitant une maîtrise contrôlée. La présence du revêtement vitrifié ne permet pas d'avoir un accès direct à la paroi métallique. Lors des interventions de contrôles (inspection et requalification périodique), il est donc impossible pour l'exploitant de retirer l'émail afin de contrôler la paroi de l'ESP.
C'est donc pour cela que ce CTP a été rédigé (par des groupes de travail faisant intervenir des experts du métier) afin de répondre à ces spécificités.
Les dispositions spécifiques relatives aux contrôles règlementaires de surveillance en exploitation, que permet le présent CTP, sont les suivantes :
Afin de pouvoir bénéficier de la dérogation concernant le retrait de l'émail, il convient donc de respecter les obligations suivantes :
Avec la mise en place du CTP, l'exploitant peut donc continuer à exploiter et contrôler ces ESP vitrifiés de la meilleure façon et en toute sécurité.
CTP 07/2020 : pour le suivi en service des systèmes frigorifiques sous pression
Un système frigorifique est un ensemble qui contient plusieurs de récipients ou compartiments de récipient et de tuyauteries (et leurs accessoires sous pression) contenant du fluide frigorigène.
Compte tenu de leurs spécificités, les systèmes frigorifiques sous pression requièrent un Cahier Technique Professionnel. Ces ensembles doivent : rester disponibles pour assurer la continuité de la production de froid (selon l'utilisation de l'exploitant); ne tolèrent pas l’introduction d’humidité dans les circuits et sont conçus de sorte à éviter les fuites de fluide et la migration d'humidité sous le calorifuge. L'exploitation optimale prévue du système frigorifique ne permet pas de respecter les exigences de suivi telles que : l’épreuve hydraulique, la visite intérieure et la vérification extérieure des parois métalliques des équipements calorifugés.
C'est donc pour cela que ce CTP a été rédigé (par des groupes de travail faisant intervenir des experts du métier) afin de répondre à ces spécificités.
Les dispositions spécifiques relatives aux contrôles règlementaires de surveillance en exploitation, que permet le présent CTP, sont les suivantes :
Afin de pouvoir bénéficier de la dérogation concernant le retrait de l'émail, il convient donc de respecter les obligations suivantes :
Avec la mise en place du CTP, l'exploitant peut donc continuer à exploiter et contrôler ces ESP vitrifiés de la meilleure façon et en toute sécurité.
CTP 10/2019 : dispositions spécifiques applicables aux cylindres sécheurs de type Yankee et frictionneur utilisés dans l'industrie papetière
Parmi les équipements sous pression (ESP) soumis à la vapeur d’eau saturée, exploités dans l’industrie papetière, les cylindres sécheurs du type « Yankee » ou « Frictionneur » occupent une place très particulière et représentent une même famille d’équipements.
Leur requalification réglementaire entraîne des difficultés lors de la réalisation de l’épreuve hydraulique. Le retour d’expérience international montre que l’épreuve hydraulique, nécessitant le remplissage par un poids d’eau considérable (équivalent au poids du sécheur) est susceptible d’endommager l’équipement.
C'est donc pour cela que ce CTP a été rédigé (par des groupes de travail faisant intervenir des experts du métier sous l'égide de la COPACEL) afin de répondre à ces spécificités.
Le CTP met en œuvre un ensemble d’actions et d’investigations qui font l’objet d’un plan d’inspection (PI) incluant un plan de contrôle pluriannuel. Conformément au point 5, il intègre :
Les modes de dégradation ont été définis dans le CTP en prenant en compte les caractéristiques des matériaux utilisés pour la fabrication des cylindres (la fonte et l’acier), les propriétés des fluides (la vapeur et les condensats), les conditions de service ainsi que les cycles d’exploitation.
Le CTP définit les 6 modes de dégradation suivants :
L’application des plans de contrôles contenus dans ce cahier technique professionnel définit les dispositions spécifiques applicables aux cylindres sécheurs fonte et acier de type Yankee et Frictionneur garantissant un niveau sécurité des équipements au moins équivalent à celui du chapitre II de l’arrêté ministériel du 20 novembre 2017.
Avec la mise en place du CTP, l'exploitant peut donc continuer à exploiter et contrôler ces sécheurs et frictionneurs de la meilleure façon et en toute sécurité.
CTP 152-03/D/2020 : dispositions spécifiques applicables aux cylindres sécheurs de type Yankee et frictionneur utilisés dans l'industrie papetière
La présence sur la paroi externe d'un revêtement d’isolation thermique ne permet pas d'examiner la surface extérieure du récipient sans, au préalable, le détériorer de façon irréversible.
L'accès à la paroi extérieure des récipients induit une durée d'immobilisation importante et des travaux de maintenance conséquents. L’accès à la paroi intérieure des récipients induit des entrées d’humidité pouvant entrainer une corrosion et de la formation de glace préjudiciable au bon fonctionnement de l’équipement en exploitation.
Pour les récipients ayant un volume important, les temps de séchage liés à l’ouverture entrainent une durée d’immobilisation importante.
C'est donc pour cela que ce CTP a été rédigé afin de répondre à ces spécificités.
Pour l'application de ce CTP met en œuvre un ensemble d’actions et d’investigations :
Plan d'inspection (PI)
L’exploitant décline le plan d'inspection générique pour les équipements qu’il exploite. Il est possible de décliner le plan d’inspection générique soit sur chaque équipement individuel, soit pour une liste d’équipements*.
*Lorsqu’un équipement a des spécificités (caractéristiques, mode de dégradation, ou zone sensible spécifique…), il devra faire l’objet d’un plan d’inspection particulier.
Le plan d’inspection devra être modifié et soumis à une nouvelle approbation si :
Contrôle de mise en service (CMS)
Il est réalisé pour chaque mise ou remise en service y compris en cas de déplacement sur le même site. Il peut être réalisé par une personne compétente, un SIR ou un OH.
Inspection périodique (IP)
Elle est réalisée au plus tard tous les 5 ans par une personne compétente (ou SIR ou un OH) et doit comporter les opérations suivantes :
Spécificités à prendre en considération :
L’inspecteur portera une attention particulière aux zones sensibles à l’infiltration d’eau. En cas de doute, l’examen visuel du stockage et de son revêtement peut être complété par un contrôle par thermographie infrarouge.
Si des ponts thermiques sont observés avec présence de givre, la paroi des récipients sera mise à nu systématiquement au droit des ponts thermiques en vue d’une remise en état de l’isolation.
Requalification périodique (RP)
La requalification périodique doit être réalisée au plus tard tous les 10 ans par un organisme habilité ou un SIR accrédité et doit comporter les opérations suivantes dans cet ordre :
*L’épreuve hydraulique peut être remplacée par un essai pneumatique surveillé par émission acoustique dans la mesure où ce contrôle est réalisé conformément à un guide professionnel approuvé par décision du ministre chargé de la sécurité industrielle, publiée au bulletin officiel du ministère chargé de la sécurité industrielle.
Gestion du retour d'expérience (REX)
Les exploitants remontent annuellement à l’AFGC, le REX concernant la mise en œuvre de ce CTP suivant l’annexe 3. Pour les différentes opérations réglementaires, il est fait la distinction entre celles réalisées par un OH ou un SIR ou une personne compétente. L’ajout de mode de dégradation non prévu par le CTP donnera lieu à un REX vers l’AFGC.
L’AFGC analyse régulièrement ce REX de manière à étudier si cela justifie une révision du présent CTP.
CTP MA-GV-CC-01/2019 : dispositions spécifiques pour la fabrication et l’exploitation des réservoirs GPL moyen et gros vrac
Ce CTP définit les dispositions de conception, de fabrication, d’installation et d’exploitation des réservoirs GPL « moyen et gros vrac » des gaz de pétrole liquéfiés. Il s’applique à des réservoirs cylindriques, fixes, en acier,
Ces réservoirs peuvent être exploités comme stockage de GPL utilisé en phase gazeuse et dans ce cas être éventuellement associés à un système de vaporisation externe. Ils peuvent également être exploités comme stockage de GPL utilisé en phase liquide (GPL carburant, …) et dans ce cas être équipés d’un système de pompage interne (pompe immergée) ou externe.
Les principales dispositions retenues de suivi en service sont les suivantes :
Toutes nouvelles demandes de disposition spécifique et actions de surveillance associées doivent être définis et justifiés en fonction du REX et de l’analyse des modes de dégradation.
Pour l'application de ce CTP met en œuvre un ensemble d’actions et d’investigations :
Plan d'inspection (PI)
Chaque exploitant décline le plan d'inspection générique (cf. en Annexe I dans le CTP) et fait approuver par un OH le PI applicable à chaque équipement ou aux équipements comme définis dans le PI générique : Aérien et enterré sous protection cathodique.
Nota : une même décision d’approbation par l’OH peut couvrir plusieurs PI applicables à différents équipements. Dans ce cas, la décision mentionne la liste des équipements concernés par le plan applicable.
Inspection périodique (IP)
En application de l'article 13 de l'arrêté du 20 novembre 2017, les réservoirs visés par le présent cahier des charges « sont dispensés de vérification intérieure. Dans le cas où cette protection des parois internes par l’atmosphère de GPL viendrait à être interrompue, ils doivent faire l’objet d’une vérification intérieure préalablement à leur remise en service, si la précédente vérification a été faite depuis plus de quarante-huit mois ».
L’IP est effectuée conformément à la procédure CFBP MA.GV/PR.02. Pour les réservoirs aériens ou enterrés, elle comprend :
Périodicité de l’IP :
Requalification périodique (RP)
L’intervalle maximal entre deux requalifications périodiques est fixé à 12 ans pour les réservoirs aériens et à 10 ans pour les réservoirs enterrés.
Les opérations de requalification peuvent être effectuées dans l’ordre suivant :
Gestion du retour d’expérience (REX)
Le retour d’expérience est formalisé annuellement auprès de l’Observatoire des Appareils à pression (OBAP) à travers un tableau à renseigner annuellement. Ce dernier collecte les statistiques liées aux suivis en service des ESP/RPS. Ces données sont remontées par le CFBP ou par chaque exploitant non membre du CFBP à l’OBAP, et sont accessibles aux OH. Par ailleurs, le retour d’expérience annuel des données relatives aux requalifications périodiques par émission acoustique est à remonter au GT REX du GEA (Groupe Emission Acoustique) de l’AFIAP.
CTP 152-01/A/2019 : dispositions spécifiques aux ESP à simple paroi fonctionnant à basse température
Les ESP concernés, récipients et tuyauteries (et leurs accessoires respectifs), font partie des installations fixes autres que frigorifiques dans lesquelles les fluides sont renouvelés ou partiellement renouvelés en fonctionnement normal, et dans certaines parties desquelles la température du gaz est inférieure à 0°C.
Les familles d’équipements concernées par ce CTP sont les suivantes :
Paroi externe
L’accès à la totalité de la paroi externe des boites froides et des équipements isolés au moyen d’un revêtement ne peut se faire qu’en portant atteinte à l’intégrité de l’isolation. En conséquence, la vérification extérieure des équipements implantés dans une boîte froide est techniquement difficile, celle des équipements isolés au moyen d’un revêtement ne peut être que partielle au droit des zones prévues à cet effet.
Paroi interne
Compte tenu des basses températures de fonctionnement de ces installations, toute entrée d'humidité et toute présence d'eau résiduelle, liées aux ouvertures, mises à l'air et épreuves, sont incompatibles avec le procédé et conduiraient à des risques importants de bouchage et/ou d’endommagement à la remise en service liés aux difficultés de séchage. Il peut y avoir aussi impossibilité technique, de par la conception, à ouvrir les équipements pour effectuer une vérification intérieure. Quant à réaliser une épreuve avec un liquide tel que le méthanol, le toluène ou le kérosène, non volatil à la température de l’épreuve, non toxique par inhalation et ne présentant pas d'inconvénient pour le fonctionnement ultérieur de l’installation, les sujétions induites (inflammabilité du fluide d'épreuve, importance des volumes, temps de séchage...), rendent cette opération techniquement, économiquement, et compte tenu des risques environnementaux, inenvisageable.
Pour l'application de ce CTP met en œuvre un ensemble d’actions et d’investigations :
Plan d'inspection (PI)
L’exploitant décline le ou les plans d’inspection génériques pour les équipements qu’il exploite. Il est possible de décliner les plans d’inspections génériques pour chaque famille d’équipements, soit sur chaque équipement individuel, soit pour une liste d’équipements.
Lorsqu’un équipement a des spécificités (caractéristiques, mode de dégradation, ou zone sensible spécifique...), il doit faire l’objet d’un plan d’inspection particulier.
L’approbation du PI par l’OH peut être faite dès la rédaction du plan d’inspection et au plus tard à la requalification périodique.
Contrôle de mise en service (CMS)
Il est réalisé pour chaque mise ou remise en service y compris en cas de déplacement sur le même site. Il peut être réalisé par une personne compétente, un SIR ou un OH.
Inspection intermédiaire
Comprend un contrôle du bon état du revêtement doit être réalisé pour les récipients en acier autre qu’inoxydable austénitique avec un revêtement et fonctionnant à une température supérieure ou égale à -10°C au plus tard tous les 2,5 ans (30 mois).
Cet examen du revêtement est réalisé par une personne compétente désignée par l’exploitant, un organisme habilité ou un SIR, et a pour objet de vérifier l’absence de point de givre en pleine paroi pour ceux fonctionnant à une température inférieure à 0°C, ou pour vérification de l’étanchéité afin d’éviter les entrées d’humidité pour ceux fonctionnant à une température supérieure à 0°C.
Pour ceux fonctionnant à une température inférieure à 0°C, ce contrôle peut être complété en cas de doute par un contrôle par thermographie infrarouge.
Inspection périodique (IP)
L'inspection périodique doit être réalisée au plus tard tous les 5 ans (60 mois). Elle est réalisée par une personne compétente désignée par l’exploitant, un organisme habilité ou un SIR et doit comporter les opérations suivantes :
Dispense* :
La dispense de vérification extérieure s’applique aux équipements :
Requalification périodique (RP)
La requalification périodique doit être réalisée au plus tard 10 ans (120 mois) à partir de la date de la première mise en service ou de la dernière requalification périodique.
Les équipements faisant partie des installations citées au point “contraintes techniques” sont dispensés de renouvellement d’épreuve lors de la requalification périodique.
Elle est réalisée par un organisme habilité ou un SIR accrédité et doit comporter les opérations suivantes dans cet ordre :
Gestion du retour d’expérience (REX)
Les exploitants remontent annuellement à l’AFGC le REX concernant la mise en œuvre du CTP suivant l’annexe 3. Pour les différentes opérations réglementaires, il est fait la distinction entre celles réalisées par un OH ou un SIR ou une personne compétente.
Ealico est la meilleure façon de suivre toutes les obligations réglementaires sur ESP.
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